Promenade automnale

Début novembre…
Lorsqu’elle était partie en mission les feuilles étaient d’un vert éclatant, les fleurs étaient écloses partageant leur innombrable couleurs, parfois si envoutantes, parfois si repoussantes, mais toutes ayant leur langage propre.
Blanc… l’innocence, la pureté, la timidité.
Rose… la tendresse, la beauté, l’amitié.
Jaune… l’amour bourgeois, la galanterie, le cocufiage.
Rouge… la passion, le désir, l’amour.

L’amour…
Tout être sur cette terre le recherche.
Chacun a sa façon de le vivre, de l’appréhender.
Le bonheur aux multiples facettes qu’il faut croquer tant qu’on le tient.

Parce que les histoires ne disent jamais que les contes de fée n’existent pas.
Parce que personne ne dit que c’est aussi difficile, qu’on ne redevient pas tout à fait un… qu’à chaque fois l’on perd une partie de soi.
Parce qu’on ne nous dit pas que même la personne la plus adorable au monde, souffrira inévitablement, comme si être un individu à part ne comptait pas.

Bien longtemps que Lucie n’avait mis les pieds dans cette forêt.
La mission s’était achevée, et malgré le froid mordant, elle avait chevauchée nuit et jour pour retrouver cette terre, ses racines.
Devenue plus sauvage qu’à l’accoutumée, elle n’avait pas prévenu son frère de son arrivée.
M’enfin vu la tête qu’elle avait, il valait mieux, puis il avait désormais une vie de famille.
Une nouvelle femme, un fils à découvrir.
La Brune savait qu’il restait une place vide, mais elle n’arrivait plus à la reprendre.
Comme s’il était trop tard.
Comme si le temps des adieux étaient tout simplement venus.
Comme si…

Les larmes roulèrent silencieusement sur ses joues.
Chez elle, elle avait toujours été chez elle ici.
Alors pourquoi c’était si difficile de s’y raccrocher, voire impossible pour la Blanche.

Souvenirs d’échanges avec ses enfants, de leurs rires.
Leur parler de ce bon temps qui est mort ou qui reviendra.
Leur essuyer les larmes de chagrins roulants sur leurs petites joues.
Leur faire découvrir la beauté d’un coucher de soleil…

Lorsqu’elle était partie, les feuilles étaient d’un vert éclatant…
La revoilà quelques mois plus tard.
Le sol est recouvert de feuilles jaunes, rouges, marrons, parfois un peu vertes, orangées.

Lorsqu’elle était partie, toutes avaient l’avenir devant elles ; on ne voyait qu’elles; elles étaient pleines de promesses, selon certains Grands de ce monde.
Aujourd’hui, tout comme ce pantin sans fil devenu trop fragile qui foulait ce sol, elles sont tombées et ne sont plus.
Début novembre…

Messages : 1 Date d'inscription : 06/11/2010

Début novembre. Pour Cassandre, cela signifiait que le temps était certes plus gris, mais qu’il y avait un nouveau monde à découvrir. Première chose, ramasser dans cette forêt les plus belles feuilles au sol, et si possible de différentes formes. Sa mère lui avait promis qu’elles passeraient un moment dans son atelier dans lequel elles feraient toutes les deux un travail pour s’amuser avec la récolte du jour. Et ça, ça la ravissait d’avance la petite tête blonde. Parce que depuis quelques mois, elle savait que selon la forme des feuilles, on donnait un nom différent à chaque arbre. Et ça Cassandre pourrait montrer à Lucie, qu’elle savait nommer certains d’entre eux à ce moment-là. Pour ceux qu’elle ne connaissait pas, la gamine espérait bien que sa mère lui soufflerait la réponse par télépathie. Parce qu’elle est muse sa môman. Et Ambre lui avait dit que les muses donnaient l’inspiration. Mais des fois la blanche en manquait alors c’est qui sa muse à elle ?

Dans les découvertes, cette saison signifiait aussi le retour des noisettes, noix, marrons et autre fruits secs de ce genre. Et ça l’enfant adorait aller les ramasser. Quelques semaines auparavant elle avait fait une réserve de champignons avec sa nounou. Et puis quand il faisait des sorties comme celle-ci, la blondinette pouvait courir partout sans se faire disputer, à partir du moment où elle restait à un périmètre raisonnable de l’adulte ou des adultes qui l’accompagnaient. Et ça c’était chouette ! Bon là elle ne pouvait pas trop se cacher vue que les feuilles étaient sur le sol, mais ce n’était pas grave, parce qu’elles amortissaient la chute comme ça. Puis Cassandre avait déjà remarqué que d’autres feuilles poussaient le printemps venu alors il n’y avait pas de raison de s’inquiéter.

Et puis bientôt l’automne laisserait place à l’hiver. Et là, la neige viendrait recouvrir le sol. C’est froid mais chouette ! On peut faire des bonhommes de neige ou des batailles de boules de neige. On peut voir si un oiseau ou un autre animal est passé par là. Siiii c’est vrai, même que dans le jardin ben Omer et sa petite famille ils laissaient des traces de pattes quand ils venaient réclamer à manger ! Mais bon là l’esprit de la petite fille partait trop loin alors elle secoua ses petites boucles blondes et se retourna vers sa mère. Elle avait l’air triste depuis son retour, même si elle essayait de le cacher, et Cassandre fit une petite moue en le remarquant à nouveau. C’est vrai qu’il y avait eu beaucoup de chamboulement dans leur vie. D’ailleurs, elles auraient un nouveau chez elles bientôt. Un nouveau territoire à découvrir. Un sourire s’étira sur ses lèvres. Qui dit nouveau territoire, dit nouveau terrain de jeu et qui dit nouveau terrain de jeu, dit nouvelles bêtises à faire, ainsi que de nouveaux copains de jeu.

Elle freina sa course et fit demi-tour pour se jeter sur sa mère, lui encerclant les jambes en rigolant, malgré le choc un peu violent pour une carrure comme la sienne. Elle regarda sa mère avec un sourire jusqu’aux oreilles, contente de l’avoir rien que pour elle.

Dis maman, tonton il va être content si je lui offre une feuille ? Et cousin ? Et pis papa ? Tu crois que les anges ils vont lui donner si je la pose là où on va lui parler des fois ?
Pis tu sais ça serait bien que ça soit notre maison ici, parce que y’a plein d’endroit pour jouer !

Ben quoi ? C’est presque des questions existentielles pour son âge… Tsss.

Un choc auquel elle ne s’attendait pas lui demanda un léger effort pour ne pas bouger et la fit grimacer.
Pas de douleur, simplement que systématiquement dans ces moments-là, la mère en elle se réveillait lorsque l’un de ses petits soleils fonçait ainsi dans les jambes.
La peur qu’ils se fassent mal… enfin qu’elle se fasse mal, les jumelles étant loin d’être en âge de marcher pour le moment.
Lucie ébouriffa la petite tête blonde de Cassandre.

Un jour tu vas finir par te faire des bleus à foncer ainsi dans les gens.

Sourire à la fois protecteur et tendre qui s’afficha alors sur le visage de cet être aux milles cicatrices.
Le petit ange ressemblait de plus en plus à son père, bien que certains traits du caractère de la Brune commençaient à ressortir.
Enfin ça, c’est ce que beaucoup disaient.
La Blanche préférait dire que la curiosité était naturelle chez un enfant et même plutôt positive.
Quant à la détermination qu’elle avait pour une gamine de son âge, elle venait sans doute de ses deux parents, et puis malgré ses 8 années, elle savait déjà fortement ce qu’était de perdre des êtres chers.
Mais fort heureusement elle avait encore cette capacité de vite guérir de certaines blessures.
Peut-être du fait de cette part d’innocence que Lucie avait fait en sorte de préserver pour qu’elle ne grandisse pas trop vite.
Dans les années à venir, elle aurait le temps d’apprendre que tout ne se terminait pas forcément aussi bien et tout n’était pas aussi simple que dans un conte de fée.
La petite tête blonde commença justement à lui poser une rafale de question comme à l’accoutumée.
Un sourit amusé s’étira sur les lèvres de la mère.
Elle s’accroupit pour être à hauteur de sa fille.

J’suis sure qu’ils vont adorer ton cadeau et qu’ils le garderont précieusement. Pour papa…

La Muse passa tendrement sa main sur le visage de son petit ange…

J’parie que les anges attendent déjà que tu lui confectionnes le plus beau des cadeaux pour lui donner.

Un sourire qui se voulait rassurant s’afficha alors.
Elle aurait surement dû être des plus terre à terre en lui disant que les anges ça n’existaient pas, que son père ne verrait jamais ce qu’elle allait faire en y mettant toute son attention et son cœur.
Mais Lucie n’en avait pas vraiment la force, les yeux de sa fille pétillant trop, à l’idée de pouvoir garder un lien avec lui de cette façon.