Makcimus au domaine de la famille de Castelléo

Voilà des mois qu'il était sur les chemins. Alors... Lorsque le Ritter et Chevalier Sénateur, lui avait proposé de venir sur ses terres afin de se reposer et de se ressourcer, il n'avait hésité. Bien-sur il avait à faire normalement en Lorraine ou il devait prendre véritablement possession de la commanderie de Briey. Et puis l'envie de saluer sa filleule en l'Ordre Teutonique, la schwester Lily-jane était forte.

En une légère pression des genoux pour ordonner l'arrêt de la monture.... Celle-ci était visiblement exténuée et la grande carcasse mit pied a terre. Il réajusta sa cape blanche en son dos en un mouvement ample. Un peu de dépoussiérage ne ferait de mal... D'ailleurs, on connaissait l'histoire, mais le Bruder avait fait vœu de pauvreté, cela depuis bien longtemps maintenant. Têtu, il refusait de renouveler sa garde-robe. La cape, celle qu'il avait reçu lors de son accession au chapitre de l'OT était la même. Le blanc était jauni par le temps et il en était de même pour la tunique qui recouvrait la cotte de mailles. Le large ceinturon de cuir qui maintenant le fléau d'armes en son dos avait lui aussi, grand besoin d'être changé.

Mais bon... Têtu comme une mule, il ne voulait rien entendre et il se sentait bien en ses frusques rafistolées de toute part. Heureusement, sa tenue ne pouvait laisser de doute quant à son appartenance en l'OT; sinon, c'est pour un mendiant que l'on aurait pu le prendre. Son crâne chauve et sa longue barbe mal taillée ajoutée à un gabarit hors norme, n'avait rien d'engageant et il n'était pas rare, qu'il reste de longue journée à ne parler à personne. Seul le Tout-Puissant plusieurs fois par jour entendait sa voix lors des nombreuses prières.

Soulageant la monture, il gravit la dernière cote à pied, profitant des derniers instants pour contempler le Château de l'extérieur.
Makcimus n'était embêté par le chargement, un petit balluchon à l'arrière de la selle, contenait un livre des vertus, quelques vivres, quelques ustensiles pour faire un feu et cuisiner pitance. Il n'était pas embêté par un encombrement important la dernière croisade l'avait totalement vidé des réserves dont il avait la charge. Cela avait l'avantage de voyager léger...

Il marqua l'arrêt devant le poste de garde.... Nul doute que cela faisait un bon moment que la garde avait fait son travail en avertissant qui de droit de la présence d'un individu en approche.... immobile et silencieux, Il attendit donc devant la herse.

Redécouvrir le domaine familial…
La Brunette ne saurait dire depuis combien de temps elle n’avait foulé ce sol, au grand damne de son frère.
Mais les choses étaient ainsi.
Surtout lorsqu’on savait que bien souvent depuis quelques années, leurs obligations respectives les poussaient à être dans des camps différents.
Alors c’était difficile par la suite de revenir en ce lieu, même si Lucie finissait toujours par revenir ici.
Après tout, c’était ici qu’étaient ses racines et puis feu son époux.

Elle en était là de ses réflexions lorsqu’elle vit arriver un cavalier aux portes du Domaine.
D’habitude ca beugle pour avertir la garde mais là, juste le silence ce fit entendre.
Mouais bon vu l’imposante carrure, valait pi être mieux pas qu’il se mette à crier.
Curieuse, bien que les signes distinctifs de l’Ordre teutoniques furent reconnus par la Blanche, elle attendit de voir si le molosse de Burrich allait montrer un bout de ses crocs.

Ne voyant bizarrement pas âme qui vive, la Scribe décida d’aller ouvrir.
Après tout, elle savait bien monter la garde et ouvrir une porte comme toutes personnes baignant dans le monde militaire.
Elle se rapprocha donc de la herse, et dévisagea l’homme de la tête aux pieds pendant sa progression, jusqu’à lui balancer un…

Bonjour Messire.

Tout à fait amical, tout en faisant comprendre que ben oui, fallait aussi montrer patte blanche.
Le petit bout de femme qu’elle était - c’était encore plus flagrant face à lui – leva la herse et se planta devant l'homme comme pour lui barrer la route.
Tsss vous savez ce qu’on dit… c’est les plus petits les plus hargneux.

Que puis-je pour vous ?

L'attente fut certainement assez longue... Mais le Bruder imperturbable observa l'enceinte intérieure au travers de la herse sans effectuer le moindre mouvement.
Une démarche... Féminine sur les pavés de la place et un joli bout de femme fit son apparition. C'était la première fois qu'il venait en le domaine de son frère et Chevalier Sénateur Izidore. Il lui savait du goût, mais que la garde soit aussi charmante relevait du miracle.

Cette pensée tira de sa longue barbe mal taillée un sourire, tout en se sentant observé de la tête aux pieds il fit de même cherchant a savoir à qui il avait à faire. Il ne lui fallut pas longtemps pour s'apercevoir et deviner grâce à la voix ainsi que la qualité des tissus qu'il ne s'agissait pas de la garde ni d'une servante. Le ton amical, alors que la herse se levait lui fit incliner la tête respectueusement et de sa voix rocailleuse... Pax Vobiscum Dame !!

La monture fatiguée et nerveuse frappa rageusement le sol de ses lourds sabots tout en faisant un écart, il serra légèrement les rênes de sa dextre et porta à nouveau son regard azur vers la dame... Je suis le Bruder Teutonique Makcimus. Je suis un frère et ami de Son Excellence Isidore! Tout en prenant le temps d'une inspiration, il décela en le visage de son interlocutrice qu'il s'agissait certainement d'un membre de la famille de Castelléo.
Ma monture est exténuée et son cavalier demande le gîte... Peut être savez vous si Le Ritter Isidore est présent en le domaine actuellement ? En tous états de cause.. Je suis honoré de faire votre connaissance dame ... Et il laissa sa phrase en suspens...

Avant d’en savoir un peu plus, elle crut apercevoir un sourire se dessiner sur le visage de l’homme.
Pas le temps de se poser plus de questions ou même de lui répondre, la tête de l’homme s’étant déjà inclinée.
Ensuite le regard azuré rencontra celui d’ébène.
Ils n’avaient décidément rien en commun au premier abord, comme s’ils étaient de parfait opposés.
Hormis leur engagement, bien évidemment, qui était sensiblement le même.
Juste que l’un obéissait à Rome, l’autre au Roy.
La constatation l'amusa intérieurement.

Je suis honoré de faire votre connaissance dame…

Lucie. Et laissez tomber le Dame, vous voulez ? Je suis également enchantée de vous rencontrer.

Tout en lui adressant un sourire, la Brune attrapa doucement les rênes et flatta l’encolure de l’animal comme pour le mettre en confiance et par conséquent le calmer un peu.

Mon frère est effectivement icelieu, vous avez de la chance. Je crois que le plus simple est que vous rejoignez une des chambres réservées aux membres de votre Ordre et puis il vous rejoindra là-bas ?

La Blanche laissa le silence s’installer un instant tout en avançant de quelques pas pour commencer à accompagner Makcimus à ses appartements.
Elle lui précisa qu’il n’avait plus qu’à continuer tout droit et qu’au bout de l’allée il tombait pile sur l’aile Est.
Il ne pouvait pas se tromper.
Ensuite, il serait libre de prendre la chambre de son envie.
Un petit sourire fut fait pour conclure ses explications.

Je m’occupe de votre monture et préviens Izidore de votre arrivée. Vous avez besoin de quelque chose avant que je ne vous quitte ?

Une grosse voix se fit entendre dans le lointain.

Dans la troupe y’a pas d’jambe de bois
Y’a une nouille, mais ça n’se voit pas
La meilleure façon d’marcher
C’est sûrement la nôtre
C’est de mettre un pied d’vant l’autre
Et de’r’commencer !

Le gardien du Domaine arrivait en chantonnant comme souvent.
Il s'arrêta net en apercevant la sœur du maître et un Teutonique inconnu au bataillon.

Bonjour Ma Dame Lucie. Comment vous portez vous ?

Pax vobiscum Teutonique, qui êtes vous et que venez vous faire ici ?